Tidiane Ndongo: 5 questions pour une toile

Né en 1970 à Bamako, Mali, Tidiane N’DONGO a suivi un parcours initial à l’école coranique avant de poursuivre ses études dans un établissement franco-arabe, où il a décroché son baccalauréat. Faute de bourse d’études pour l’étranger, il s’est lancé dans divers emplois temporaires. 

En 1994, il se tourne vers l’apprentissage du bogolan avec Youssouf Sidibé Nelly dans le quartier vivant de Bamako-Coura, où il prend rapidement la responsabilité de l’atelier. Le bogolan est un tissu malien teint de façon artisanale.  Tidiane y perfectionne la technique traditionnelle du bogolan, tout en y apportant sa touche personnelle avec son style unique nommé “Dogodogoni”, synonyme de Labyrinthe et Galerie. Il transmet ensuite son savoir-faire aux jeunes de Bamako-Coura et forge une amitié significative avec son voisin, le regretté Youssou Keita, un artiste reconnu qui l’encourage dans la création de ses premières œuvres d’art.

Sabre No Made

1 – Pourquoi avez-vous choisi cette toile ?

“Sabre No Made” représente presque “mon tout” : mon travail et ma pensée.

Elle illustre le débat contenu et continu, le silence de la passion, la force de la parole contre la force de la voix, l’argument, la littérature et la religion, le savoir et l’humour. 

2 – Qu’est ce qui vous a inspiré pour la réalisation de cette toile ?

L’idée de ce tableau m’est venue par les événements que mon pays (et l’Afrique d’une manière générale) traverse depuis que je suis “conscient”.

Les différentes crises politiques accentuées ces derniers temps par le terrorisme nourrissent en partie mon travail.  De manière générale, l’art me permet de m’exprimer, de partager mes émotions, mes pensées et ma vision du monde.

3- Décrivez-nous votre œuvre

Des têtes plus ou moins reconnaissables sont représentées, donc des idées plus ou moins précises et des propos plus ou moins vrais. 

On reconnait également une ardoise encore appelée tablette coranique, symbole d’études et d’apprentissage de l’écriture. Une écriture qui n’est rien d’autre qu’une rature éternelle, car évolution oblige on s’adapte au fur et à mesure.

On voit un sabre replié qui forme un tourbillon. Ce qui est une invitation à la maturité. Et pour finir, on trouve un poisson qui sort sa tête de l’eau avec un grand œil. Ce qui est une invitation à sortir de la routine, d’être curieux et surtout de bien s’observer soi-même.

L’écriture en arabe sur la toile signifie : “vous êtes tous d’Adam”, donc tous égaux. C’est un clin d’œil à la littérature sacrée.

Des étoiles sont aussi apparentes.

4 – Quelle technique avez-vous utilisé ? 

Cette série est réalisée à partir de bogolan, constitué de décoction de feuilles et d’argile sur du coton. Elle consiste à utiliser de la boue fermentée pour créer des motifs détaillés sur du tissu, souvent du coton. Ce processus, qui demande beaucoup de travail, comprend plusieurs étapes : la préparation du tissu, l’application de la boue, et des cycles répétés de séchage et de lavage pour fixer les motifs et les couleurs

5 – Quel est le temps de réalisation de la toile ? Est-elle toujours disponible?

Cette toile a été réalisée en 2 semaines et oui elle est toujours disponible

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