Art Contemporain Africain: Porte voix de l’écologie et la durabilité

Comme beaucoup de personnes, j’ai longtemps été sensible à l’environnement sans  être forcément toujours cohérente dans mes actes. Et puis, me trouvant face à la triste réalité  j’ai mesuré l’ampleur du problème. Au Mexique il y a quelques années , nous n’avons pas pu nous baigner car les plages étaient couvertes de sargasses. Dans le sud de la Turquie j’ai assisté à une scène poignante où  une tortue se débattait avec un plastique, la fin a été heureuse pour cette dernière je vous rassure.

De plus, le fait d’avoir des copines très portées sur les questions environnementales  et qui quotidiennement appliquent des gestes éco citoyens m’ont beaucoup fait évoluer ces dernières années.

L’Afrique  n’est responsable que de 4% des émissions mondiales à effet de serre mais il est paradoxalement le continent où les conséquences du bouleversement climatique sont les plus lourdes. La pollution de l’air dans les villes africaines est le deuxième facture de risque selon le Health Effects Institute (2022)!

C’est donc tout naturellement que je me suis intéressée au travail des artistes qui abordent ces problématiques.

Les thématiques de l’environnement et de l’écologie sont bien plus qu’une tendance dans l’art contemporain africain. C’est une nécessité et une source d’inspiration infinie. De nombreux artistes africains s’emparent des questions sociétales et leur démarche artistique vise à faire prendre conscience des défis environnementaux, politiques, sociaux. Ils utilisent leur art pour insuffler un changement positif face à cette problématique .

L’engagement écologique dans l’art contemporain se concrétise de plusieurs manières: l’utilisation de matériaux usagers comme les déchets plastiques,  des expositions dédiées à la nature, des installations in situ ou le recours à l’art digital. Pionnier de l’art digital au Sénégal, l’artiste Piniang fusionne les matériaux pour déployer une réflexion sur l’évolution et l’environnement.

La photographie offre aussi un moyen puissant de documenter les impacts du changement climatique et de la dégradation environnementale, tout en célébrant la beauté naturelle de l’Afrique. La série  de photos “The prophecy” de Fabrice Monteiro illustre les graves problèmes liés à l’environnement et les conséquences d’une consommation excessive:

“L’idée est née au Sénégal où, constatant le manque de civisme environnemental, j’ai voulu raconter une histoire, un conte qui associerait animisme et écologie pour contribuer à l’éveil d’une conscience écologique chez les enfants.”

Gros plans sur 4 artistes engagés

Didier Gnepa

Didier Gnepa dit Diafrel est un artiste engagé sur les questions écologiques. Ses œuvres singulières dépeignent le monde qui l’entoure. Les oeuvres de Diafral douces et apaisantes sont toutes empreintes de sa signature: l’utilisation de supports de récupération comme toile de fonds de ses œuvres.

En 2018, Didier Gnepa constate la cherté du matériel d’art lors de  la création de la série “New Africa”. Dans le même temps,  il prend conscience de la quantité astronomique de cartons et autres déchets jetés dans la rue. C’est ainsi qu’il commence à utiliser des matériaux utilisés et recyclés pour ses créations et que la matériel détourné devient son outil de prédilection.

(1) Fleuri, technique mixte, 98×90 cm

(2) Le défilé, technique mixte, 120x105cm

Hamidou Koumaré

Hamidou est un jeune  sculpteur qui vit et travaille au Mali. Il s’amuse avec des matériaux qu’il récupère tels que le fer, les clous, le bois, le plâtre, le ciment, l’argile ou encore le tissu, pour traiter généralement de thèmes d’actualité et du vivre ensemble.

Puisant une partie importante de son inspiration dans la danse féminine, Hamidou donne la priorité aux aspects intimes du corps de la femme. Il retranscrit à sa manière la dextérité des danseuses, la souplesse des figures exécutées, la beauté féminine tout simplement. En effet, pour cet artiste profondément passionné de sculpture, les lignes féminines ont droit à des représentations fussent-elles de métal, tant ce matériau se plie aisément à sa volonté.

(1) Série Tempo, assemblage de métaux, 95 cm

(2) Série Tempo, assemblage de métaux, 110cm

Tessilim Adjayi

Tessilim est un artiste photographe. Pour travailler, Tessilim se plonge dans la mémoire urbaine: il observe, analyse, tente de comprendre les comportements de ces concitoyens. Il se questionne aussi sur les enjeux de notre époque. Ce travail d’observation marque un des fondements de son art.

Lors de la pandémie du Covid 19, l’artiste a réalisé la série “Les entrepreneurs ambulants” dans laquelle il a immortalisé les vendeurs qui ont quitté les lieux de ventes ordinaires (les marchés) pour aller à la rencontre des clients. Cette série documentaire montre la capacité d’adaptation de ces entrepreneurs ambulants qui récupèrent plastique,  boîtes de conserve, bois,  métal,  vêtements et même les déchets organiques.

Dans la série “Plastique Endémique – Humanité”, Tessilim aborde une réflexion sur l’utilisation du sachet plastique, source de pollution importante mais également un danger sanitaire pour l’homme.

(1) Les entrepreneurs ambulants de Lomé, 30×45 cm

(2) Plastique endémique et humanité, 50×75 cm

Tidiane Ndongo

Tidiane est un artiste plasticien qui est connu pour l’utilisation du bogolan dans son travail. Le bogolan est un tissu traditionnel originaire du Mali mais il désigne également une style particulier de teinture.

Le mot bogolan vient de la langue bambara (la langue la plus répandue au Mali), des mots bɔgɔ (la terre) et lan (suffixe bambara signifiant « issu de »), ce qui signifie littéralement « fait avec de la boue ».

En intégrant ces étoffes dans ses œuvres, Tidiane ne se contente pas de célébrer son patrimoine culturel ; il participe également à la préservation de l’écosystème en valorisant des techniques de production moins polluantes et en réduisant la dépendance aux matériaux synthétiques.

(1) Bogolan sur coton, 112×150 cm

(2) Sabre no made, 80x123cm

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