L’art contemporain Haïtien entre identité et résilience

Daily Life, Emmanuel Pierrette 16″x20 –  Huile sur toile

L’histoire de l’art en Haïti est aussi captivante que complexe. Elle est imprégnée par un mixte d’influences culturelles, de réalités politiques et socio-économiques compliquées mais aussi de résilience.

Voici les grandes périodes de l’évolution artistique de ce pays.

La période précoloniale qui correspond à la période précédant l’arrivée des Européens est marquée par des sculptures et objets sculptés en bois, pierre ou os. Il ne reste malheureusement qu’un petit nombre d’œuvres. Tainos

Pendant la période coloniale, les artistes haïtiens produisaient essentiellement  des œuvres qui avaient pour objectif de mettre en avant et proclamer la richesse des colons. Il s’agissait de portraits qui les représentaient dans leurs grandes plantations.

La révolution haïtienne (1791- 1804) qui brise les chaines de l’esclavage perpétue la tradition du portrait. En effet, chacun des chefs affranchis désirent son propre portrait. C’est le début de l’art de combat et d’un esthétique de partis où chacun cherche à célébrer son leader.

La peinture naïve haïtienne est probablement la plus connue à l’international. Elle a émergé dans les années 1940 et a connu une apogée avec la création du Centre d’Art haitien en 1944. Les dirigeants, persuadés de la supériorité de cette forme artistique, incitent toute une génération d’artistes à sa pratique. La première exposition d’art naïf a eu lieu en 1945 à la Havane et en 1946 à Paris. Un des meilleurs ambassadeurs de cet art a été Hector Hyppolite, un prêtre vaudou qui tient son inspiration des esprits peuplant son temple.

Gros plan sur des artistes contemporains

Philippe Dodard

Né en 1954 à Port-au-Prince, Philippe Dodard étudie à l’École d’Art Poto-Mitan puis entre à l’Académie des Beaux-Arts. Depuis 1971, ses oeuvres ont été exposées internationalement à Haïti, au Surinam, au Brésil, en France et aux États-Unis. En tant que peintre haïtien de renommée internationale, son nom et son art sont mentionnés dans tous les principaux livres d’art haïtiens. Son art est très apprécié parmi les collectionneurs et les amateurs d’art du monde entier.

Suite au terrible séisme qui a frappé Haiti en 2010, l’artiste décide de s’investir dans la reconstruction du Marché de fer, monument emblématique de Port-au-Prince. Il collabore également à la création d’un centre d’art thérapeutique dédié aux enfants déplacés par le séisme.

Albott Bonhomme

Bonhomme est né en 1963 à Baie des Montagnes, un village balnéaire à la lisière de la forêt tropicale du nord-ouest. Il travaille comme pêcheur et agriculteur avec son père et fréquente l’école de Port-de-Paix. Dès l’âge de 12 ans, il manifeste un talent irrépressible pour la peinture. Devenu artiste professionnel en 1990, il peint des oiseaux dans un cadre luxuriant et oasis. Il a exposé partout dans le monde.

Jean Pierre Théard

L’artiste est né en 1949 dans la ville portuaire d’ Aquin. Il a étudié l’architecture.

Lors d’un voyage au Mexique en 1969, il est impressionné par les œuvres de Diego Riviera, artiste renommé par ses fresques murales imprégnées des ses convictions communistes. En Haïti, il s’associe à des  peintres connus comme Pétion Savain, Villard Denis, Charles Obah, Bernard Wah, et il  développe un style mêlant éléments cubistes et surréalistes. En 1973, il s’oriente vers un style que l’on pourrait qualifier de réalisme fantastique. Ses peintures apaisantes semblent fuir l’agitation quotidienne et prônent la préservation de l’environnement.

Il a exposé aussi bien en Haiti que l’international et ses œuvres font partie de nombreuses collections.

Clifford Jean-Félix

Clifford Jean-Félix est un peintre canadien d’origine haïtienne. Il a grandi dans une famille qui appréciait grandement les arts. Il s’intéresse donc  très tôt au dessin et à la peinture. En 1992, à l’âge de 20 ans, il s’installe au Canada et
quelques mois plus tard, il commence à étudier le design d’intérieur. Il a travaillé comme architecte d’intérieur pendant les dix années suivantes. Mais en 2004, après une épreuve personnelle, il se consacre entièrement à la peinture et il est immédiatement et chaleureusement accueilli par la scène artistique montréalaise

Ses oeuvres sont lumineuses et intègrent des effets de relief et de texture. On note aussi la présence récurrente de figures élancées sans autre trait distinctif qu’une forme vaguement humaine.

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