Le marché de l’art contemporain africain en 2024: Bilan et Perspectives

Headstart by Sanjo Lawal

Résistance dans une période compliquée…

L’année 2023, marquée par des tensions sur le plan international, a eu des répercussions sur le marché de l’art qui se sont poursuivies en 2024. Avec un total de 1,888 milliard de dollars, le marché retrouve, en fait, les niveaux d’avant la pandémie, tout en surpassant de 200 millions la moyenne des cinq années précédant la crise sanitaire. (source artprice)

2024 a été une période de défis et de résilience pour le marché de l’art mondial. Le marché de l’art contemporain, en particulier, a traversé une année difficile, avec une chute spectaculaire des ventes mondiales;  l’art contemporain africain n’a pas fait exception. 

Malgré un contexte global difficile, marqué par des baisses significatives dans les ventes aux enchères et une pression accrue sur le marché de l’art due à des conflits géopolitiques et économiques, l’art africain contemporain a continué de montrer des signes de robustesse et d’évolution positive malgré un petit ralentissement . Il a démontré une capacité à résister au fléchissement.

Considéré comme un marché émergent il y a encore quelques années, il a su dépasser les craintes d’un intérêt ponctuel et d’un effet de mode passager. Cette résilience est notamment due à la présence croissante de collectionneurs africains, qui jouent un rôle crucial dans la découverte et la mise en avant des artistes contemporains du continent. Elle tient également au fait qu’une multitude d’acteurs, comme Art kelen,  s’emploient à faire rayonner cet art. 

Défis et opportunités…

Malgré cette résistance, le marché de l’art africain contemporain n’est pas sans défis. Les galeries africaines font face à des investissements conséquents dans un marché de plus en plus compétitif. Participer à des foires qui ont désormais pignon sur rue comme la 1:54 ou la AKAA représentent un effort financier considérable.

En moins de dix ans, le monde de l’art a été témoin d’une transformation majeure. L’intérêt pour l’art africain a émergé comme une tendance de fond, changeant profondément le paysage artistique et le marché. Cette évolution s’illustre avec des artistes comme Njideka Akunyili Crosby dont l’œuvre intitulée The Beautyful Ones, est vendue à un collectionneur privé pour 3 millions de dollars par Christie’s, à Londres en mars 2017.

Les événements socio politiques récents, notamment la mort de George Floyd aux Etats Unis et le renouveau du mouvement Black Lives Matter, ont amplifié l’intérêt pour l’Afrique et sa diaspora, en particulier dans le milieu artistique professionnel.

Une reconnaissance croissante

L’art africain contemporain continue de gagner en visibilité et en reconnaissance à travers le monde. Les grandes institutions et musées internationaux intègrent désormais des artistes africains dans leurs collections. C’est le cas par exemple de l’artiste béninois Georges Adéagbo  dont l’installation “Les artistes et l’écriture” fait partie de la collection permanente de Centre Pompidou depuis 2020, ou encore l’artiste sud africaine Zanele Muholi dont les œuvres font partie de la collection du Tate Modern à Londres.

De plus, de nombreux artistes sont désormais représentés par des galeries de premier plan comme l’artiste de renommée internationale, El Anatsui. Il s’est vu attribuer le Lion d’Or à la Biennale de Venise en 2015 et, est représenté par les galeries RX&SLAG | SLAG&RX  basées à Paris et New York. Cette évolution témoigne d’un changement significatif dans la perception et la valorisation de l’art africain sur la scène mondiale.

Vers une consolidation du marché…

Après une période d’euphorie et de spéculation, le marché de l’art africain semble entrer dans une phase de consolidation. Le secteur des enchères a connu une explosion d’intérêt, avec une affluence remarquable vers les œuvres d’artistes africains contemporains, culminant en 2022 avec plus de 2700 œuvres vendues. Cette période a vu les transactions presque doubler en l’espace de deux à trois ans. Amoako BOAFO est un exemple frappant de cette tendance, avec une augmentation spectaculaire de sa cote, passant de un à trois millions de dollars à Hong Kong de 2020 à 2021, illustrant l’ascension fulgurante des artistes africains sur le marché international. Toutefois, cette croissance impressionnante a également été accompagnée de spéculations intenses, certains investisseurs profitant de la tendance haussière pour réaliser des gains rapides, ce qui a entraîné une inflation parfois excessive des valeurs de plusieurs artistes. (source artprice)

Cette transition offre l’opportunité de réévaluer les tendances spéculatives et de distinguer les artistes émergents qui apportent une contribution authentique et durable à l’art contemporain. Les institutions, galeries et maisons de ventes dédiées à la promotion de l’art africain jouent un rôle essentiel dans ce processus de consolidation.

L’année 2024 a été marquée par des défis, mais aussi par des signes encourageants de résilience et de croissance pour l’art contemporain africain. Malgré un ralentissement général du marché de l’art mondial, l’art africain continue de se structurer, de se consolider, et de gagner en reconnaissance internationale. Cette évolution positive est le fruit d’un travail collectif de longue haleine, qui promet de porter ses fruits pour les années à venir.

Yassine Balbzioui

Pour recevoir tous les mois nos actualités et une dose d’inspiration, inscrivez-vous: ICI

Suivez Art Kelen sur Facebook et Instagram, pour encore plus d’actualités et de contenus sur l’art contemporain d’Afrique.