Lors de mes voyages au Sénégal, je suis toujours aussi émerveillée par l’élégance des dakaroise. Dans cet article nous allons à la découverte du foulard, un héritage aux multiples significations, un accessoire qui cache bien plus qu’une belle chevelure…
Dans l’univers vestimentaire des femmes sénégalaises, le moussor, ou foulard, se révèle comme un accessoire essentiel, voire incontournable. Ce morceau de tissu est au cœur de l’identité culturelle africaine, constituant un véritable patrimoine : connu sous le nom de “Moussoro” au Mali, “Gele” au Nigeria, “fichu” ou “Maré de tête” dans les îles, “Duku” au Malawi et au Ghana, “Dhuku” au Zimbabwe, “Tukwi” au Botswana, “Gele” chez les Yorouba, “Ichafu” chez les Ibo, “Kouna Diala” chez les Bambara (le bandeau qui serre la tête), “Tabla” chez les Fon au Bénin, “Gnoubouholo” chez les Senoufo, “K’sa” chez les Touareg.
L’usage du foulard plonge ses racines dans l’époque précoloniale et, selon les pays et les ethnies, il revêtait une signification particulière. Le sociologue Faco Diarra souligne qu’au Mali, le foulard était vu comme un moyen de protection divine.
De nos jours, toujours au Mali, le “Demba diala” représente un foulard emblématique et unique, arboré spécifiquement par les membres de la belle-famille durant les festivités nuptiales. Les motifs varient selon l’ethnie, avec des appellations telles que Moussoro ou Missoro pour les Bambara et Fulani, Gnoubouholo chez les Senufo, K’sa pour les Touareg, et Bissoro ou Yipanado chez les Soninké.
Le port du foulard est aussi une tradition répandue dans de nombreuses cultures lors d’événements importants tels que les mariages, cet accessoire étant perçu comme un symbole de féminité.
Historiquement, chez les peuples Yoruba d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Bénin, Togo, Ghana), il existait divers types de foulards dont la manière de les nouer indiquait le statut social de la porteuse. Par exemple, si le bout du foulard était orienté vers la droite, cela signifiait que la femme était mariée, et si la pointe se trouvait à gauche, cela indiquait qu’elle était célibataire et ouverte aux courtoisies.
Aux Etats-Unis, durant l’époque coloniale, le port du fichu était obligatoire pour les femmes noires et métisses en Louisiane, en vertu de la loi Tignon (issue des lois sur le luxe), le transformant en un symbole de soumission. Cette mesure visait à dissimuler leur élégance – souvent exprimée à travers des tresses décorées de perles – et à souligner leur statut inférieur par rapport aux femmes blanches. Les Créoles ont rapidement transformé la symbolique de ce bandeau, le convertissant en un symbole de beauté à travers la création de coiffes spectaculaires, désormais célèbres sous le nom de maré tèt (turban madras, en créole).
Successivement perçu comme un signe de soumission puis de lutte, le foulard se retrouve désormais sur toutes les têtes, illustrant ainsi l’intégration croissante de la mode africaine dans le panorama mondial.
Cette mode appelée “turbanistas” désigne la communauté de femmes afro-descendantes ultra-connectées, fières de leurs racines africaines!
Aujourd’hui, le port du foulard s’accommode aussi bien avec un vêtement traditionnel qu’avec un jean / tshirt. Il existe d’ailleurs de nombreux ateliers et tutos d’attachés de foulards.
J’apprécie particulièrement cette touche qui rehausse la silhouette et confère aux femmes une allure royale, telle une couronne. Des femmes comme Awa Seck, fondatrice de “les moussors de Awa”, aspirent à revaloriser ce simple morceau de tissu en un accessoire de mode quotidien.
L’adoption généralisée de ce couvre-chef au-delà des frontières africaines s’est faite en partie grâce à des figures emblématiques de la beauté noire naturelle, telles que la Mexicano-Kényane Lupita Nyong’o et l’Afro-Américaine Alicia Keys.
Cette grâce et féminité captivent des artistes de divers horizons, tels que le peintre Ibrahima Gningue, qui se plaît à représenter des femmes éblouissantes, ou le sculpteur Boureima Ouédraogo, connu pour ses statuettes de femmes élégantes.
Ces éléments se retrouvent également dans l’artisanat, comme les plateaux très prisés de Boubacar Konaté ou les sous-verres de Mamoune Gueye, où les femmes sont toujours magnifiquement vêtues de leurs boubous colorés et, naturellement, de leurs moussors.
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